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mercredi 26 août 2015

Billet d'humeur: la libération de E. Vassilieva et la victoire de la goujaterie

Autoportrait

Compromise dans l'affaire Oboronservice, c'est-à-dire des détournements de fonds publics et corruption dans le domaine de l'armée, elle a été condamnée à 5 ans de prison. Deux années et demi à domicile en gardant sa vie mondaine, quelques mois en prison et la voici en liberté. Difficile de parler de justice, plutôt une parodie déshonorante.


Pour bénéficier d'une libération anticipée il faut remplir trois conditions formelles :
  1. avoir un bon comportement, c'est-à-dire un comportement qui permette au juge de comprendre que vous n'allez pas recommencer en sortant;
  2. avoir compensé intégralement le préjudice matériel causé.
  3. avoir effectué une partie de la peine (la durée est fonction de la gravité de l'infraction)
Evguénia Vassilieva a été reconnu coupable par décision de justice le 8 mai de cette année d'avoir participer au détournement d'argent public pour un montant de 216 millions de roubles et condamnée à 5 ans. Après avoir passée deux ans et demi assignée à domicile le temps de l'affaire, elle est envoyée en prison, d'où elle est sortie hier, après le jugement positif rendu sur sa demande de libération conditionnelle.

Insistons sur le fait qu'elle a été libérée immédiatement, alors que le jugement de libération anticipée n'a pas encore acquis l'autorité de la chose jugée, car il lui faut pour cela 10 jours. Mais le juge a décidé que, dans cette affaire concrète, il n'était pas nécessaire d'attendre. Inutile de dire que ce n'est pas la pratique courante en la matière.

Concernant le remboursement

Le préjudice doit être intégralement rembousé pour pouvoir demander la libération anticipée. Certes, les 216 millions de roubles, ce qui correspond au préjudice causé personnellement par E. Vassilieva ainsi que par ses camarades de jeu, a été reversé.

Toutefois, il n'a pas été payé par la condamnée, en acte de contrition, mais par son papa pour que sa petite fille puisse continuer à jouer librement. Bref, certains ont la chance d'avoir un papa et peuvent sortir, d'autres non.

Donc si formellement cette condition est remplie, elle ne l'est que formellement et perd tout son sens réel. A savoir celui de l'implication du coupable dans la réparation du préjudice causé. Et pas d'appeler papa pour réparer les bêtises de sa fille.

Comportement adéquat

Le comportement de E. Vassilieva ne soulève aucune interrogation, malgré l'avis positif donné par l'administration pénitentiaire après seulement deux mois de présence dans leurs locaux et un "cours intégral de correction du comportement", qui manifestement a porté ses fruits puisque la coupable n'a pas jugé utile, sans raison particulière, de perdre son temps pour assister à l'audition de sa demande de libération anticipée.

En général, il est dans l'intérêt du demandeur de chercher à prouver au juge par tous les moyens que son comportement a changé, de donner une bonne image. Manifestement, cela ne fut pas nécessaire à E. Vassilieva, ni au juge d'ailleurs, qui a pu prendre sa décision sur dossier, sans voir la personne. Il faut dire que sa réputation n'est plus à faire.

Rappelons que la période retenue pour l'appréciation du comportement concerne également l'assignation à résidence. Alors voyons plus en détails les frasques de cette personne pleine de charme et de culture.

Le clip

Manifestement en souvenir de son amour foudroyant avec l'ancien ministre de la défense Serdiukov, E. Vassilieva a fait un clip dans lequel elle chante une touchante chanson sur des chaussons roses qu'elle apportera à son aimé. Voici l'oeuvre d'art:


Donc pendant son assignation à domicile, elle fait venir une équipe de tournage, enregistre le clip, fait la promotion de sa sortie, etc. Est-ce réellement compatible avec l'idée d'une restriction de liberté? Tout autre personne se serait retrouvée en prison.

Mais ce n'est pas tout. Je passe sur le fait qu'elle en profitait aussi pour aller faire les magasins, et le juge a dû lui rappeler que ce n'était pas trop conforme non plus à l'assignation à domicile.

Non, ce qui vaut le détour, c'est l'organisation d'une exposition de ses toiles. Car Madame a l'âme artistique, Madame peint:

Одна из работ на выставке Евгении Васильевой

Et l'exposition s'est appelée "Eva au pays des merveilles". Oui, Madame a de l'esprit.

Toutefois, les psychiatres sont plus réservés ... Voici un reportage sur son expo:



Bref, tout ce comportement est-il normal? Non. Doit-il justifier une libération anticipée? Non. 

Maintenant, même si c'est une injure à la justice et une honte pour ce qui aurait pu être le symbole de la lutte contre la corruption, ce n'est pas une raison pour faire un parallèle facile et rapide avec une autre décision de justice qui est tombée hier, hasard des calendriers, et concerne l'affaire des "terroristes de Crimée".

Pourquoi celle-ci aussi est-elle médiatisée? Parce que c'est la Crimée et que le responsable, O. Sentsov, est ukrainien. Donc la presse pro-occidentale et les bien-pensants appellent à la libération de ce prisonnier politique, réalisateur ukrainien qui s'est prononcé contre le rattachement de la Crimée à la Russie, qui vient de prendre 20 ans de privation de liberté. 

A ce petit détail près qu'il n'a été ni arrêté ni condamné pour ses opinions, mais pour la préparation d'actes de terrorisme avec des compatriotes sur le territoire de Crimée, où ils montaient également une filliale de Secteur droit.

Or, Secteur droit, comme chacun le sait est une grande organisation pro-occidentale de bienfaisance très connue en Ukraine pour ses exploits sanglants et son amour des valeurs européennes des années 30. Les condamnés ont été pris avec des explosifs et tout l'arsenal nécessaire, les comparses de Sentsov ont négocié avec la justice et l'ont  donné. Ce mécanisme n'est pas juste? C'est choquant? Vraiment? Mais enfin, c'est, sous pression des organismes internationaux, l'implantation en droit russe des institutions juridiques démocratiques - en l'occurrence de droit américain. On négocie, on donne, on prend moins. 

Bref, un terroriste, par ailleurs ukrainien, par ailleurs réalisateur, sera en prison. Non, désolée, je ne vais pas pleurer. J'aimerais voir plus de terroristes en prison. Quelle que soit leur nationalité. Quelle que soit leur profession antérieure.

Alors évitons les parallèles faciles qui n'ont pas lieu d'être. Et en ce qui concerne Vassilieva, ça ne change rien, c'est la victoire de la goujaterie. Car cette personne s'est toujours moquée de la justice, l'a publiquement et volontairement montré et s'en sort sans rien. 

Triste journée ... 


3 commentaires:

  1. Oui, la caste dont fait partie Vassilieva devrait être mise à la raison de façon exemplaire. Et cela d'autant plus que ce sont des gens sans foi ni loi qui trahiront leur pays à la première occasion. Ils sont une occasion de scandale permanent pour tous les gens normaux, et permettent aux occidentaux mal intentionnés d'en rajouter une couche.

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  2. Le compte rendu du procès de Sentsov hier au soir par la journaliste de service,le présentait sur Arte comme un [je cite]"militant anti-fasciste" ...
    Avec les paradoxes du type "mettre de l'argent de côté pour l'avoir devant soi", ou celui d'Epiménide le Crétois, cela mérite mémoire: la tentative de création d'une section de "secteur droit" devenant un acte de militantisme anti-fasciste !!!

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  3. Ce qui intéresse les médias occidentaux, ce n'est pas la vérité, c'est ce qu'ils peuvent donner à voir, quitte à déformer les faits, qui abonde dans leur sens. Aujourd'hui, c'est la Russie qui est "méchante" et tout est bon pour l'illustrer...

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